Karin TL
18 novembre 2021
Ce pays est résolument plein de surprises. On ne peut rien y prévoir. Tout y change d’un instant à l’autre… Alors, il faut savoir improviser, s’adapter. Sans baisser les bras. Sans se laisser démoraliser… Moi qui déteste les fêtes foraines, j’ai l’impression de vivre depuis deux ans dans le plus grand manège de montagnes russes. Au volant : ma carcasse. Je n’ai rien à dire. Juste à l’écouter… soit disant ! Je ne suis pas de celles qui suivent, ni de celles qui plient, encore moins de celles qui obéissent. Alors je râle à la puissance 1000, je jure comme un charretier. Je ne pleure pas. Je ne suis pas triste. Juste exacerbée. Prévoir puis revoir. Échafauder puis détruire pour tenter de reconstruire… en fonction de cette putain de carcasse. Quelques jours de répit. Puis elle se déchaîne. Quelles heures d’énergie. Puis je traîne…
Chaque jour, j’apprends à m’adapter à ce drôle de pays. J’ai admis que je ne m’en enfuirai pas : les frontières sont trop bien gardées. Prisonnière de ma moelle osseuse. Mais parfois, il m’arrive encore de me rebeller contre cet exil. Sans larmes. Avec des mots plus gros les uns que les autres. Avec un coup de poing sur la table ou un coup de pied dans un panier (ça, ce n’était pas l’idée du siècle, compte tenu de l’état de mes petons ce soir !).
… Mais, étrangement, je ne suis pas si mal dans ce pays où cela me fait parfois si mal de vivre. J’y ai rencontré d’autres exilés, dont les vies semblent plus compliquées que la mienne, dont les carcasses sont parfois plus abîmées. Ensemble, nous construisons une jolie petite armée de « bras cassés » et grâce à eux, je sais que je ne suis plus la seule à avancer entre deux montagnes russes. Dans notre pays, le mot « ensemble » me donne des ailes - je le reconnais, c’est assez iconoclaste pour quelqu’un qui a souvent les pieds plombés ! Et ça, c’est de la vraie magie, digne d’une licorne à pois bleus.